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Depuis septembre dernier, l’émission de radio « Warmiq Parlaynin » (Voix des femmes en Quechua), est diffusée sur la chaîne de radio « ACLO » dans tout le département de Chuquisaca en Bolivie. Ce programme radio, qui veut être un espace dédié aux femmes rurales quechua, s’inscrit dans la stratégie de communication du projet « Purispa Yacuwan (marcher avec de l’eau) : La gestion de l’eau et les bonnes pratiques de santé en temps de Covid-19 en Bolivie » mis en œuvre par PRODECO et le CRÉDIL dans le cadre du programme Québec sans frontières. Environ 50 000 femmes quechua ont accès à cette émission qui leur permet d’obtenir de l’information sur l’équité de genre et la pandémie de COVID-19 en Quechua et en espagnol.
En Bolivie, les écarts entre les sexes ont été exacerbés par la pandémie de COVID-19. Pendant la quarantaine, il a été observé que les rôles de genre dominants limitent le développement intégral des filles, des adolescents et des femmes. Le temps dont elles disposent pour s’éduquer, se former ou participer au marché du travail et à la vie politique est réduit, car tout le travail domestique non rémunéré à domicile leur est attribué.
L’émission « Warmiq Parlaynin » offre un espace de formation et de réflexion qui peut facilement entrer dans la routine quotidienne de ces femmes. Les protagonistes y sont des personnages inspirés de la communauté rurale de San Franciso dans la municipalité de Presto. Les voix principales donnent vie à des personnages tels que « Mama Anselma », une femme de 72 ans qui est la porte-parole des droits des filles, des garçons, des adolescent.es et des femmes et « Tata Francisco » qui énonce des messages sur la Pachamama (Mère Terre) et la culture andine. Pendant l’émission, les personnages informent l’auditoire sur leurs droits tout en incorporant des messages clairs, précis et adaptés culturellement sur la Covid-19, le lavage des mains, la symptomatologie, les mesures de prévention et les bonnes pratiques de coexistence familiale en quarantaine.
L’émission, qui est diffusée tous les mercredis à 18 h 30, est devenue un espace familial qui captive l’attention du public. Fidel, un garçon de 11 ans, dit: « ... kay wakichiy Warmiq Parlaynin manchay t’ukurichikun, ñuqaypata mamay kanchu, chaywan rikuni tiasniyta manchay llank’aqa, jinamantapis uyariyku chay coronavirusmanta, imaynata jarqakuna kashan » (L’émission de radio Warmiq Parlaynin, nous fait réfléchir et je vois aussi que mes tantes travaillent beaucoup dans leurs maisons. Nous avons également entendu parler du coronavirus et de ce que nous devons faire). Fidel, en plus d’être un auditeur de l’émission, a interprété une chanson quechua se référant au coronavirus.
Les hommes écoutent également l’émission avec beaucoup d’intérêt. Marcos Guarayo, membre de la communauté de San Francisco, met en évidence « ... puraqmanta parlanakuna, uq famille uqhupi, warali sumaqta yuyaychakunanpaq, warmai yaukunanpaq jinaman leadership, churananpaq chay kallpata... » (Au sein de la famille, il doit y avoir de la compréhension pour que la femme exerce également son droit, et elle peut occuper n’importe quel poste au sein de la communauté.)
L’émission continuera d’être diffusée chaque semaine jusqu’à la fin du mois de janvier. Ce projet est une initiative de PRODECO – Bolivie (PRojet de DÉveloppement COmmunautaire), et est soutenu par le CREDIL dans le cadre du programme Québec sans frontières financé par le Ministère des Relations internationales et de la francophonie du Québec. L’initiative vise à assurer le respect des droits des femmes, de promouvoir les bonnes pratiques de coexistence familiale, tout en valorisant des connaissances culturelles autour de la nourriture et de la médecine autochtone, d’une manière amusante et créative en période de pandémie de COVID-19.