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On pourrait, en 10 ans, faire de la terre un paradis…à condition d’expédier les politiciens sur la lune nous prévenait, il y a 50 ans, l’architecte Buckminster Fuller dans son Guide pour le vaisseau spatial Terre. Ces derniers n’ont pas respecté les promesses de Rio ni de Paris. En fait, ils font l’inverse. Même si on utilise déjà une planète et demi, les politiciens, eux-mêmes responsables d’une grande partie du gaspillage, font tout pour accélérer l’exploitation. Leur plus grande crainte est qu’elle ralentisse, ce qui les empêcherait de dépenser. Comme politiciens, puis en tant que lobbyistes, ils semblent s’être donné comme mission de vider leur pays et la planète de ses ressources.
Ce qui aggrave les choses c’est qu’ils subventionnent généralement les méthodes d’exploitation les moins durables qui diminuent la productivité à long terme en appauvrissant les bases mêmes que sont le sol et la biodiversité; en agriculture : monocultures, élevage hors-sol, pesticides, engrais chimiques, en forêt : coupe rase, ébranchage au chemin, scarifiage, plantations mono espèce, dans le domaine des pêches : chalutiers qui raclent les fonds marins sur une surface grande comme les USA, etc. Partout, la politique est de remplacer les petits agriculteurs, forestiers, pêcheurs par de grosses exploitations privées ou publiques.
Pire encore, ils défendent ces méthodes. Le Canada qui rase ses forêts depuis 50 ans, est, selon Ottawa, un pays forestier modèle. L’ex Premier Ministre du Québec, (qui ne fait pas appliquer sa loi interdisant de couper les arbres de moins de 12 cm), affirmait qu’il ne laisserait pas perdre un seul emploi pour sauver des caribous. Il y a 2000 ans, Pline l’Ancien déplorait l’érosion des sols par la monoculture. Pourtant, on subventionne les biocarburants et les céréales destinées à nourrir les animaux d’élevage alors que les pâturages de B. Hjertaas (en Saskatchewan) et de Brian Maloney (au Québec) captent plus de CO2 par hectare que l’empreinte CO2 d’un canadien (18 t).
La poignée de gens qui osent s’opposer aux mauvaises pratiques forestières, agricoles, minières, sont dépeints par l’élite financière et politique comme de mauvais citoyens, qui retardent la croissance économique. Celle-ci est considérée comme un progrès même quand il s’agit du commerce des armes ou du tourisme. La croissance perpétuelle est impossible et ne peut se faire qu’aux dépends de l’environnement, selon William Rees, un des concepteurs de l’empreinte écologique.
Au lieu de s’entendre entre pays pour rendre le commerce plus logique et éviter le transport inutile, on se compétitionne à coups de subventions fiscales, financières, techniques, à la production, au transport, à la consommation etc. Si bien qu’on n’a plus aucune idée du coût réel d’un produit ou d’un service. Il en coûte souvent moins cher d’acheter ses aliments de l’autre coté de la planète que de son voisin.
Ce que nous expliquait B. Fuller, c’est que ce n’est plus l’environnement qu’il faut étudier mais la politique qu’on n’arrive pas à faire fonctionner honnêtement et intelligemment nulle part. Même au Canada, où on peut dénoncer de mauvaises pratiques sans risquer sa vie, on est incapable de corriger la situation. Quelles chances ont les Brésiliens, les Russes les Chinois d’y arriver?
Si on veut ramener l’exploitation de la planète à ce qu’elle peut donner et le faire de façon plus durable, on doit réussir l’impossible. Il faut d’abord empêcher les politiciens de gaspiller et de subventionner les pratiques non durables puis les convaincre de collaborer entre eux afin de passer d’un système reposant sur l’exploitation et la prédation à un nouveau modèle basé sur la conservation.
Dominique Bhérer